mercredi 19 janvier 2011

Lettre d'une lectrice sur la situation au Niger

En lien avec l'article de la Cause du Peuple n°0 sur le Niger et l'article de la CdP n°3 sur l'anti-colonialisme, nous publions cette lettre que nous a envoyé une lectrice. Merci à elle pour ce témoignage de terrain. 

La CdP

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Bonjour,

Je vous écris pour vous remercier de publier ces quelques lignes sur la françafrique au Niger. J’ai trouvé votre journal à la manifestation du 19/10 : un monsieur me l’a proposé, le temps d’y jeter un coup d’œil pour me faire une idée et voilà que le monsieur avait disparu dans la foule et donc pas moyen de le remercier ou de soutenir votre initiative.

En fait, j’étais tout de suite tombée sur cet article concernant la prise d’otages  à Arlit et là j’étais vraiment contente : enfin quelqu'un qui trouve le courage de décrire comment se passent les choses à Arlit.

J’ai connu la région au début des années ’90 et déjà à l’époque ce lieu perdu entre l’immensité du Sahara et la désolation du Sahel se présentait comme le lieu idéal de toutes les tensions, de toutes les injustices, l’exemple suprême de l’exploitation, du néo- colonialisme.

En provenance d’Algérie, à 200 km environ après la frontière avec le Niger, on se surprend à se questionner : à l’horizon une étendue de lumière, qu’est que c’est ? Ce n’est pas possible ! On a l’impression d’approcher une grande capitale occidentale, une autre ville lumière, une véritable cathédrale du désert. Ce n’est pas possible ! Au bon milieu de cette immensité de sable et cailloux. Qu’est que ça peut bien être ? Seuls les kilomètres parcourus laissent deviner l’existence de la centrale d’extraction d’uranium.

 Les gens en Europe ne peuvent pas comprendre (et ce ne sont pas les medias qui les aident …) la situation endurée par les africaines dans la région, nigériens ou nomades (touareg). La relégation dans les zones « africaines » (séparées des quartiers des ressortissants français), le manque de produits de première nécessité (alors que les français ont leurs supermarchés avec leur camembert), la prostitution des jeunes filles qui remontent du Golfe de Guinée, le gigantesque marché aux voitures (et de leurs pièces) ramassées dans la grande fournaise désertique : tout cela peut paraitre normal. A qui ?

Mis à part l’alcool en sachets plastiques, la seule chose qui ne manque pas aux africains d’Arlit est l’eau (rare dans la région). Mais comme vous dites justement, cette eau est pire qu’un gâteau empoissonné. Je me rappelle encore de ma stupeur dans cet « hôtel » où je logeais dans la partie africaine de la ville : cette eau était étrange, je le sentais, je le voyais dans les toilettes, dans les lavabos : rien ne flottait dans l’eau du robinet, même pas le bouchon de liège que je sortis de mon bagage pour faire l’expérience. Une eau fortement radioactive peut être, l’eau de refroidissement de l’usine d’extraction de l’uranium, je ne sais pas. Mais tout cela était très inquiétant,  comme le regard de ces jeunes dans l’attente de franchir le grand désert qui les sépare de leur « mirage ».

Evidemment, la réalité de l’enlèvement et le danger encouru par les otages empêchent des prises de position radicales, mais on peut se demander si au cœur de la question il y a la sauvegarde des personnes enlevées (cadres Areva, bien informés de la place de la France au Niger), ou bien les intérêts de la France dans les ex colonies.

Voilà, le désir de partager ces souvenirs avec vous était fort, j’espère que votre initiative puisse prendre vigueur. 

A plus tard

L. N.

1 commentaire:

  1. SOCIALISTES ET LIBERAUX FRANCAIS BIEN D'ACCORDS POUR PILLER L'AFRIQUE ET FAIRE LE LIT DES LE PEN !
    MIG.

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